Philippe Laurent, formateur engagé auprès des jeunes

Philippe Laurent, formateur engagé auprès des jeunes

Nous avons choisi de réaliser un portrait de Philippe, formateur référent à l’École de la Deuxième Chance. Avec lui, on a parlé du système scolaire classique et de l’importance d’accompagner les jeunes en difficulté.  

« Je pars du principe que vous avez autant à m’apprendre que j’ai à vous apprendre. » Originaire de la Rochelle, amoureux du bateau à voile, Philippe Laurent, 52 ans, travaille auprès des jeunes depuis 19 ans, toujours avec gentillesse et passion. Pourtant, au départ, il ne pensait pas devenir formateur : il a commencé  par un CAP d’électricien d’équipement, a travaillé dans le monde du théâtre et de la danse et a vécu  au Canada avant de reprendre ses études.

D’éduc de rue à formateur

En rentrant en France, il devient éducateur de prévention ou éduc’ de rue. Tous les jours, Philippe  est en contact avec des jeunes qui ont décroché du système scolaire classique.  « On n’avait aucun moyen de les raccrocher à quoi que ce soit : la mission locale, ils ne voulaient pas en entendre parler. Donc ces jeunes-là étaient au quotidien dans la rue ». Philippe et ses collègues montent des projets, par exemple des ateliers d’écriture, pour occuper les jeunes et éviter qu’ils « glissent ». Mais pas facile de travailler sur les projets personnels et professionnels des jeunes sans structure.

Edith Cresson prend le taureau par les cornes

Cette structure qui manquait tant aux yeux de Philippe arrive enfin au milieu des années 90’. Edith Cresson, Première ministre de François Mitterrand, une fois Commissaire européenne, lance en 1995 les Écoles de la Deuxième Chance. La première école ouvre ses portes à Marseille en 1998. Aujourd’hui, 22 ans après, on compte 130 écoles de ce type et plus de 100 000 jeunes accompagnés. Philippe suit une formation pour devenir formateur de jeunes et d’adultes. « J’avais dit : les jeunes j’en veux plus, j’en ai mangé pendant 10 ans, et en fait j’ai eu l’opportunité de travailler à l’Ecole de la Deuxième Chance et ça fait maintenant 4 ans que je suis ici. »

«  L’Éducation nationale, c’est moi je sais et je vais vous apprendre »

Mais alors que pense Philippe de l’Éducation nationale ? Est-ce qu’il aurait préféré faire prof’ ? Jamais de la vie et il explique pourquoi : « Tous ces jeunes de mon histoire, j’ai vu ce que l’école a pu leur faire : ils n’ont pas été compris, ont parfois été placés dans des filières qu’ils n’avaient pas demandé… L’Education nationale c’est : je sais et je vais vous apprendre. Moi je pars du principe que ce n’est pas moi qui ai le savoir. » Et c’est vrai qu’à l’Ecole de la Deuxième Chance, les formateurs comme Philippe nous accompagnent individuellement dans notre projet, parlent avec nous et surtout nous écoutent. Cette manière de faire nous permet d’aller au bout notre parcours. Après un gros travail réalisé auprès des jeunes, pour la retraite, Philippe, tel un loup solitaire, envisage de réaliser son rêve : « je veux faire le tour du monde avec mon propre bateau ».

Philippe dans sa salle, entouré des stagiaires à l’école de la deuxième chance

 

Thomas Santos et Williams Corenthy