Bien se nourrir sans se ruiner : le dilemme des étudiantsLa précarité des étudiants a un impact sur leur alimentation

Bien se nourrir sans se ruiner : le dilemme des étudiants

Quand on est étudiant, qu’on ne vit pas chez ses parents et qu’on doit travailler pour se payer ses études, il ne reste plus beaucoup d’argent pour les repas. Peut-on être étudiant indépendant et bien se nourrir ? Le reportage de Najim

J’ai eu l’idée de faire un article sur l’alimentation des étudiants. Est-ce qu’ils mangent bien trois repas par jour ? Comment font-ils pour se nourrir ? En faisant des recherches sur Internet, j’ai trouvé que ces questions étaient un sujet d’actualité. En novembre 2019, une certain Anas K., étudiant à Lyon, s’est immolé devant le Crous (centre d’aide pour les étudiants). Avec ce geste,  il a voulu montrer à quel point les étudiants pouvaient se trouver dans la précarité. J’ai commencé par interviewer des lycéens, mais eux n’ont pas trop de problèmes pour se nourrir car ils vivent chez leurs parents. Je suis donc allé au Carré d’Art, une médiathèque à Nîmes fréquentée par des étudiants.

Alexandre a 22 ans. Il est étudiant en deuxième année de droit. « Je ne mange pas suffisamment et pas toujours équilibré : je mange entre 1 et 2 repas par jour, essentiellement des pâtes et du riz. En moyenne, je dépense environ 80 euros par mois pour mon budget alimentaire« , dit-il. Selon un sondage d’Ipsos de juin 2019, le budget moyen mensuel des dépenses d’un étudiant qui ne vit plus chez ses parents est de 637 euros en moyenne, dont 136 euros pour s’alimenter.

« Je vais dans les épiceries solidaires »

Comme 73,5% des étudiants – d’après une étude de l’UNEF, première organisation étudiante de France -, Alexandre ne bénéficie pas de bourse d’Etat. Il est donc obligé de travailler pour gagner de quoi se nourrir et trouver des moyens pour ne pas trop dépenser d’argent. « Je vais dans les épiceries solidaires ou au Secours populaire car je n’ai  pas forcément le temps de m’organiser pour cuisiner« .

Le fait de pouvoir cuisiner permet aux étudiants de réduire leur budget consacré à la nourriture. Amina, 20 ans, est élève à l’école de la deuxième chance à Nîmes. Elle vit seule et elle explique qu’elle cuisine tous les jours. Elle cuisine par exemple du riz, du poulet ou des plats mahorais comme des bananes plantin. « Avec un budget de 200 euros, je peux tenir 2 ou 3 mois et même jusqu’à 5 mois« , dit-elle.

Un repas à 3,25 euros

D’après une étude de l’UNEF datant de 2018, le prix moyen d’un repas dans un restaurant universitaire classique est de 3,25 euros. Cela revient à 65 euros par mois rien que pour déjeuner et seulement pour les repas pris en semaine. Tristan, 19 ans, étudiant au conservatoire explique de son côté qu’il ne peut pas toujours cuisiner et qu’il dépense environ 25 euros par semaine. « La base de mon alimentation ce sont les pâtes et le riz. Parfois, je saute des repas ou je me prive, par exemple lorsque je veux acheter de la bonne viande. Je suis obligé d’acheter des trucs de moins bonne qualité. »

Najim Karroum