Opération Sauvetage en Ukraine

Opération Sauvetage en Ukraine

En avril, les stagiaires de l’E2C ont interviewé Jean-Michel Roque, maire de Sérignac, et sa belle-sœur Larissa, qui a fui Kiev, la capitale de l’Ukraine, au début de la guerre. Jean-Michel Roque a traversé une grande partie de l’Europe pour récupérer sa famille. Ils nous racontent leur périple avec émotion.

Comment avez-vous réagi en apprenant le début de la guerre en Ukraine, en sachant qu’une partie de votre famille vit là-bas ?

Depuis quelques jours, nous étions déjà inquiets mais nous n’imaginions pas que la Russie envahirait l’Ukraine. Le 24 février, vers 5 heures du matin, j’ai reçu un coup de téléphone de Larissa pour me dire les premiers missiles tombaient sur Kiev. J’ai eu un déclic, on n’avait plus le choix et on devait partir les chercher. Quelques jours plus tard, nous avons pris la voiture, direction la Roumanie, avec Vlad, mon bras-droit sur mon exploitation viticole.

Racontez-nous votre périple ?

Nous sommes d’abord passés par le Nord de l’Italie, la Slovénie, la Hongrie puis la Roumanie. Soit plus de 2000 km ! Nous sommes partis à 11 heures du matin, et nous sommes arrivés le lendemain à 6 heures du matin. En Roumanie, nous avons fait appel à un chauffeur pour nous rendre jusqu’à la frontière Moldave, en traversant notamment les Carpates et ses routes très enneigées. Nous avons retrouvé Larissa, sa mère et ses deux amies le lendemain.

Vous avez fait un deuxième voyage en Ukraine en avril. Pour quelles raisons ?

Cette fois, c’était pour aider les Ukrainiens car la guerre continue. Grâce à Larissa, qui avait des contacts avec beaucoup d’associations ukrainiennes, et grâce à la générosité des habitants du village et du département, nous avons pu récolter du matériel médical, des médicaments, des produits d’hygiène, des vêtements, etc. On est partis à huit, dans quatre camions, direction Lviv en Ukraine, à 70 km de la frontière polonaise. Lors de notre arrivée en Ukraine, à Lviv, nous avons entendu les sirènes d’alerte anti-missiles. Ce fut assez stressant.

 

_retrouvaille de la famille a la frontière entre la Roumanie et Moldavie

(Article 2)

« Je me suis levé au bruit des bombes »

Heureuse d’être en France mais le cœur toujours en Ukraine, Larissa, la belle-sœur de Jean-Michel Roque, revient sur son départ forcé de Kiev.

« Un matin je me suis levé au bruit des bombes. Sacha, un ami de la réserve militaire, nous a prévenu que c’était le moment de partir donc j’ai décidé de quitter Kiev avec ma mère et deux amies. Nous sommes parties en voiture le 2 mars, direction la Moldavie. On a eu beaucoup de difficultés a quitté la ville à cause des contrôles militaires. C’était vraiment le dernier moment pour quitter Kiev, car dès le lendemain, les soldats russes mitraillaient les Ukrainiens qui cherchaient à quitter le pays.

Aujourd’hui à Sérignac, je me sens très bien dans la famille. Je suis très reconnaissante envers Jean-Michel d’être venu nous chercher avec ma mère et mes deux amis, et de l’accueil des Français. Mais parfois je me sens un peu coupable d’avoir quitté l’Ukraine, mes amis, ma marraine. Je ne pensais pas un jour devenir une réfugiée ! Au moment de faire ma valise, je ne savais pas quoi prendre : des photos, des vêtements, des objets de valeurs. Mais finalement je me suis rendue compte que ce qui est important pour moi, c’est la paix et que ma famille soit en sécurité. Grâce à Jean-Michel, je peux leur apporter mon aide aux Ukrainiens avec les missions humanitaires que nous menons. Pour le moment, je ne me vois pas rentrer en Ukraine car je veux rester aux cotés de ma mère. »

Interview et article de Dylan Asmani, Ibrahim EL Amrani, Thibault Selles.