Au 31 décembre 2016, 2 626 enfants ont le statut de pupille de l’Etat en France, 4 enfants sur 10 sont placés à l’ASE.
Cet article cherche à laisser la parole à ceux ayant contribué à la garde de ces jeunes.
Témoignage d’une famille d’accueil (Maurice Kamis*)
- Qu’est ce que c’est ? Que cela signifie ?
Une famille d’accueil, c’est un métier de passion. Le terme exact est assistant familial : cette personne accueille des enfants de tous âges, de 3 à 18 ans. Elle les éduque et prend soin d’eux. Elle peut les emmener à l’école si les enfants sont scolarisés. La famille d’accueil peut avoir ses propos enfants par ailleurs.
- Combien d’enfants pouvez-vous accueillir chaque fois et combien en avez-vous accueillis en tout ?
L’assistant familial peut accueillir jusqu’à deux enfants maximum dans sa maison. La famille que j’ai interrogée a accueilli plus de 40 enfants dans sa carrière.
- Qui s’occupe d’eux ?
Généralement, c’est un métier féminin. Dans ce témoignage, il s’agit d’une femme et plus précisément d’une mère qui avait déjà ses propres enfants dans son foyer.
- Qui décide ?
Les personnes qui décident de placer les enfants sont les parents, l’assistance sociale ou l’ASE. Cependant, les juges ont tendance à diriger ce type d’orientation.
« Ma mère a gardé deux enfants qui sont restés pendant de 3 à 12 ans pour la première fille et pour la seconde c’est de 4 ans à 11 ans. La première rentrait 1 week-end sur 2 chez son père tandis que la seconde ne rentrait pas régulièrement chez sa famille (même pas pendant les grandes vacances). Ma mère a élevé ces deux filles comme si elles étaient d’elle. Celles-ci étaient à l’école dans son quartier à Paris dans le 19ème arrondissement à Belleville. Ma mère a aimé ces deux filles beaucoup plus que ses propres enfants. J’étais jaloux quand j’étais petit mais avec le temps j’ai compris le métier et ma jalousie est partie.
Ma mère a adoré ce métier. Chaque mois, elle devait faire des comptes rendus de son travail et de l’évolution des jeunes filles à ses supérieurs. Il fallait faire très attention au bonheur et à la santé morale des filles car elle me disait souvent que pour des enfants comme eux c’est déjà dur à supporter ce poids de placement. Je faisais en sorte de leur faire oublier leurs problèmes en les accompagnent par tous les moyen à ma disposition. Elle avait beaucoup de peine pour ces deux filles. Elles rencontraient la misère et des problèmes familiaux très jeunes. Il fallait accompagner une des deux filles à la PJJ (Protection Juridique de la Jeunesse) et l’ une d’elles avait des problèmes psychologiques et l’autre suivait un orthophoniste et un psychologue. »
*Par souci d’anonymat, le nom a été modifié
Par Gwendoline Pebarthe