Stresse, solitude et dépression. Les étudiants sont sévèrement touché. Pendant le premier confinement de mars, un sondage* a été réalisé. Il révèle que 73% des jeunes déclarent avoir été affectés sur le plan psychologique, affectif, ou physique et 23% d’entre eux disent avoir déjà eu des pensées suicidaires durant cette période.
La précarité, l’isolement et l’inquiétude face à l’avenir sont une source de mal-être chez les étudiants. Depuis octobre, les cours à distance ont débuté, ce qui entraîne un nouveau facteur de stress. Cloé est étudiante, elle a 19 ans et suit une Licence LEA à Strasbourg, elle témoigne des difficultés rencontrées pendant cette période.
Comment se passent les cours en ce moment en distanciel ?
Je suis atteinte d’anxiété et de dépression. J’ai des aménagements avec la fac, si je suis vraiment pas bien je peux rater les cours mais là je suis un laissé à l’abandon… donc c’est un peu dur à suivre. Et c’est assez difficile pour moi de rester concentrer devant les cours ou de me réveiller pour assister aux cours, ça pèse beaucoup sur le moral.
Est-ce que tu as l’impression que le système éducatif aide suffisamment les étudiants d’un point de vue psychologique ?
Je sais que par exemple, dans mon université il y a un centre d’aide pour les étudiants, avec une psychologue et une psychiatre. Mais le problème, c’est que j’y suis allée, ma première année de L1, je suis allée me faire aider là-bas. C’était assez énervant parce que pour 2 000 étudiants, il faut attendre 2 à 3 mois pour obtenir un rendez-vous et chaque rendez-vous est espacé de 2 mois. Quand on a vraiment besoin c’est très difficile… et ça m’a personnellement pas réellement aidé.
Sais-tu si des étudiants se sont plaints du fait qu’il y ait trop de monde pour une psy ?
Personne n’en a parlé. Mais je sais que cela a découragé beaucoup de mes amis qui sont aussi en grande détresse psychologique. Quand je leur ai dit que parfois il fallait attendre plusieurs semaines pour un rendez-vous, ça leur a coupé l’envie de se faire aider.
A ton avis, pourquoi certains étudiants restent dans le silence, sans demander d’aide?
Je pense que c’est surtout parce qu’on ne se sent pas forcément légitime pour demander de l’aide… qu’il y a pire que nous et que si on commençait à tous encombrer le système, des personnes, qui entre guillemets ont en vraiment besoin, ne pourraient pas se faire aider. C’est pour ça que je n’ai pas cherché à forcer, mais j’aurais dû. Au final, ma situation s’est dégradée jusqu’à que cela n’aille plus du tout.
« C’est très très dur »
Clémence a 19 ans, elle est étudiante à la fac de Nîmes en première année de licence lettres modernes et appliquées, elle nous livre son point de vue.
Comment se passe les cours en ce moment en distanciel ?
Évidemment, c’est très très dur, parce que je suis confinée dans 20m2, donc un même endroit pour dormir, manger, travailler. En plus de ça, que je dois tout gérer toute seule, il y a les cours. Je sors presque jamais, j’ai pas de coupures et forcément cela amène à un enfermement sur soi-même et un certain cercle vicieux. En tout cas, c’est comme cela que je réagis.
Est-ce que tu as l’impression que le système éducatif aide suffisamment les étudiants d’un point de vue psychologique ?
Il y a très peu de profs qui s’inquiètent vraiment de notre bien-être. Certains nous demandent au début des cours « comment ça va? » etc… ou essayent d’adapter leur façon de travailler etde nous évaluer. Je peux comprendre que cela doit être compliqué pour les professeurs aussi, mais je pense pas qu’il s’agisse de la bonne méthode parce que cela ne nous allège pas en fait.
As-tu l’impression que tes études ont dégradé ta santé mentale?
Cela n’a jamais été aussi catastrophique. C’est les montagnes russes. La fac nous avait quand même assez bien préparés, depuis la rentrée , aux plateformes en ligne telles que Discord, Zoom… Pour les cours en ligne, c’est un bon point. Mais je trouve que les cours ne sont pas assez adaptés au contexte.
Hadjer et Oriana
* D’après une étude de la fédération des associations générales étudiantes (Fages), réalisée par Ipsos.
Nous avons décidé de faire cet article, par rapport à ce que nous avons vécu mais aussi face à la situation de notre entourage. Votre parole compte, ne délaissez pas votre santé mentale.
Si vous avez besoin d’un accompagnement psychologique, la Fage propose des consultations gratuites avec une psychologue diplômée, habituée à dialoguer avec des jeunes. Les universités prennent aussi des initiatives.
Il existe aussi d’autres plateformes d’aides :
Cette ligne offre une écoute psychologique ponctuelle et une éventuelle orientation par des professionnels, anonyme et sans jugement, 7j/7 et 24h/24.
08 92 70 12 38 (0.33 cts/min)
Écoute-famille
01 42 63 03 03 (prix d’un appel local) : cette ligne d’écoute créée par l’Unafam est destiné aux familles ayant un proche en souffrance psychique. Des psychologues conseillent et orientent les familles.